Les enfants influenceurs, icônes 2.0

Leurs mines joviales et leurs voix fluettes font recette sur la Toile ! Eux ? Les enfants influenceurs, nouvelles stars des plateformes de vidéos en ligne. Quel rôle jouent-ils dans l’économie numérique ? Leur activité est-elle encadrée par la législation ? Et comment préserver nos enfants de leur influence grandissante ? Éléments de réponse…

Un phénomène planétaire

En mai 2018, le magazine d’investigation Envoyé Spécial a consacré un dossier aux enfants influenceurs. Filmés par leurs parents et mis en scène sur internet, ils sont les nouvelles icônes du web. Des bambins devenus stars malgré eux !

Un public réceptif

Les plateformes de vidéos en ligne sont un des média préféré des 3-9 ans. Le site Social Media Week révèle ainsi que 8 parents sur 10 laissent leurs enfants de moins 11 ans visionner des vidéos sur Youtube.

Une activité lucrative

Test de jouets, visites de parcs d’attraction ou dégustation de fast-food : le quotidien des enfants influenceurs est filmé par leurs parents. Mises en ligne le plus souvent sur Youtube, ces vidéos ludiques séduisent les plus jeunes. Résultat ? Une forte audience et des revenus publicitaires qui laissent pantois !

  • Ryan, 7 ans, a généré 22 millions de dollars de recettes publicitaires sur Youtube grâce à ses vidéos de tests de jouets.
  • Les jumelles Mila et Emma sont suivies par 4 millions de followers sur Instagram et possèdent leur propre ligne de vêtements.
  • En France, Néo et Swann sont de véritables stars du web puisque leur chaîne Youtube totalise 2 milliards de vues cumulées.

Et ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres…

Ce que dit la loi

La législation a d’abord ignoré le phénomène des enfants influenceurs, faisant d’internet une « zone grise » pour le travail des plus jeunes. Mais la loi du 19 octobre 2020 a comblé ce vide juridique. Un soulagement pour les associations de protection de l’enfance !

Une autorisation administrative

La loi considère désormais l’activité des enfants influenceurs comme un travail, au même titre que celui exercé par les enfants mannequins ou comédiens. Leurs parents ont donc l’obligation d’obtenir un agrément auprès de l’administration. Sésame indispensable pour pouvoir diffuser des vidéos de promotion en ligne !

Des revenus protégés

La loi prévoit également des garde-fous financiers pour les parents des enfants influenceurs. Ils doivent en effet déposer une partie des revenus perçus à la Caisse des dépôts et consignations. Une façon de préserver les gains des jeunes stars du web jusqu’à leur majorité.

Des horaires encadrés

Les enfants influenceurs bénéficient des dispositions protectrices du Code du travail. Par conséquent, leur durée d’activité ne doit pas excéder 2 jours par semaine en période scolaire. Avec une limite de 6 heures hebdomadaires pour les 6-11 ans.

Le droit à l’oubli

Sur-exposés dès leur plus jeune âge, les enfants influenceurs disposent à présent d’un droit à l’oubli. Ils peuvent ainsi exiger le retrait de leurs vidéos sur les plateformes numériques. Et ce, sans même solliciter l’aval de leurs parents !

Un système porteur de dérives

Parce qu’ils sont friands de vidéos mettant en scène de jeunes youtubeurs auxquels ils peuvent s’identifier, nos enfants sont une cible de choix pour les professionnels du marketing. D’où l’importance de les préserver d’un système porteur de dérives.

Une publicité déguisée

Derrière l’apparence positive de ces vidéos se cache bien souvent des stratégies publicitaires. Or les enfants n’ont pas conscience d’être exposés à une publicité déguisée lorsqu’ils visionnent une vidéo mettant en scène le quotidien d’un enfant de leur âge !

La promotion de la malbouffe

Marie Bragg, professeure de nutrition au New York Langone Medical Center, a conduit une étude portant sur 418 vidéos d’enfants influenceurs. 179 d’entre elles présentaient des produits alimentaires. Et dans 90 % des cas, il s’agissait de junk food. Une statistique qui atteste de la potentielle nocivité de contenus en apparence anodins !

Quelques conseils

Pour limiter l’influence grandissante de ces pratiques, comme le rappelle Olivier Duris, psychologue clinicien, il convient de ne pas laisser les enfants de moins de 10 ans seuls devant une chaîne de ce type.

N’hésitez pas également à regarder ces vidéos avec vos enfants et à en décrypter le contenu (quels sont les produits mis en avant ?)


L’essentiel

  • Youtube est l’un des média préféré des 3-9 ans, Les vidéos mettant en scène des enfants influenceurs sont souvent très lucratives.
  • Après des années de vide juridique, la loi du 19 octobre 2020 encadre désormais l’activité des enfants influenceurs.
  • Les tout-petits ne perçoivent pas le caractère commercial des vidéos tournées par les enfants influenceurs.

Pour aller plus loin

Le web a récemment vu fleurir des vidéos mettant en scène des influenceurs virtuels ! Personnages fictifs trop parfaits pour être vrais…