Le catfishing : quand les identités en ligne sont trompeuses…
Véritable tromperie en ligne, le catfishing est une pratique de plus en plus répandue qui pose un réel danger, notamment pour les plus jeunes. Surfant sur l’évolution des médias sociaux et des plateformes de rencontres, la « pêche au chat » joue sur le sentiment d’isolement. Et aussi le besoin de connexion qui prévalent dans nos sociétés modernes. Si de nombreuses rencontres virtuelles s’avèrent enrichissantes, d’autres, au contraire, peuvent entraîner de lourdes conséquences. Et ceux, tant sur le plan émotionnel que financier. Alors que nos enfants naviguent de plus en plus sur Internet, comment les protéger de telles menaces ? Mon enfant et les écrans décrypte les techniques des catfishers pour vous enseigner comment les repérer.
Qu’est-ce que le catfishing ?
Vous êtes-vous déjà demandé si la personne avec laquelle vous interagissez en ligne est vraiment celle qu’elle prétend être ? C’est pourtant LA question à l’origine du catfishing…
La définition d’un comportement dangereux
Le catfishing est une cyber-imposture qui se caractérise par la création délibérée de fausses identités par le biais de faux profils afin d’abuser émotionnellement et/ou financièrement d’une autre personne. Terrain de chasse favori des arnaqueurs, les sites de rencontres en ligne et les réseaux sociaux leur offrent un vivier de victimes potentielles incalculable.
Origine du nom
Le terme « catfishing » est un mot-valise composé de « catfish » (poisson-chat en anglais) et « fishing » (pêche). Ce mot est directement issu du monde de la pêche. En effet, les poissons-chats étaient utilisés pour conserver les morues capturées en mer, actives et dynamiques, afin de préserver la qualité de leur chair durant tout le transport par bateau d’Asie jusqu’en Amérique du Nord. Il s’agit donc d’une métaphore. Dans la vie, certaines personnes existent pour permettre aux autres de se sentir vivantes, alertes et sur leurs gardes.
Quelles sont les motivations des catfishers ?
La création d’un faux profil n’est pas forcément motivée par de la malveillance. Parfois, cela tient à la volonté de se préserver une part d’anonymat en ligne ou au besoin de s’inventer une nouvelle vie. Le catfishing bascule dans la fraude dès lors que l’utilisation d’une fausse identité est mise au service de l’appât du gain. Il peut s’agir d’une arnaque romantique ou d’une escroquerie à l’amitié par exemple. Dans ces cas précis, le poisson-chat se fait passer pour un amoureux transi ou un ami sincère pour gagner la confiance de la personne qu’il abuse et lui soutirer de l’argent.
Le catfishing peut également prendre l’aspect d’un abus financier lorsque le poisson-chat prétend être un contact professionnel ou commercial pour accéder aux informations financières de sa victime. Enfin, la pêche au chat peut verser dans la cybercriminalité lorsque la création d’un faux profil devient un moyen de harceler ou d’intimider une personne.
Comment reconnaître un catfisher ?
Pierre angulaire du catfishing, le faux profil est le mode opératoire par excellence de ces tromperies digitales. On estime d’ailleurs qu’en ligne, un profil sur 7 pourrait être un faux profil. Focus sur les signaux qui doivent vous alerter !
Quel est le profil d’un catfisher ?
S’il est difficile d’établir un profil type des catfishers tant leurs motivations peuvent être variées, on estime quand même que 62,6 % d’entre eux présentent des traits de personnalité sombres. Souvent animés par un besoin d’attention et de pouvoir, ils sont prêts à mentir, à tricher, voire à blesser l’autre pour obtenir ce qu’ils désirent. C’est sans doute pour cela que la plupart de leurs victimes sont des personnes vulnérables en quête d’amour ou de reconnaissance. Enfin, le catfisher est patient. Il peut entretenir la duperie numérique dont il est à l’origine pendant des années !
Garder de l’authenticité dans ses relations virtuelles
Conscient de la nécessité de nouer une relation amicale ou amoureuse très rapidement, le catfisher est toujours disponible pour discuter, à toute heure du jour et de la nuit. En revanche, il refuse ou évite soigneusement d’échanger par vidéo ou de se rencontrer en personne. Travailler une fausse identité n’est pas une chose aisée sur le long terme. Soyez vigilant au discours de votre interlocuteur, celui-ci peut comporter des incohérences ou être systématiquement invérifiable. Enfin, une fois son appât ferré, le poisson-chat va se montrer particulièrement intéressé par les données privées de sa victime avant de lui demander de l’argent.
Prendre le temps de faire des vérifications
Pour bâtir leur fausse identité, les poissons-chats peuvent créer un faux profil avec des données inexactes, créer un faux profil à partir de photos volées ou encore créer un faux profil qui s’insère dans tout un écosystème de fausses listes d’amis et de fausses biographies. La cyber-imposture peut donc revêtir les aspects de la parfaite réalité. Pour mettre à nu ces trompeurs, vous pouvez recourir à l’outil de recherche d’images sur Google. Il suffit d’y glisser la photo de profil que vous soupçonnez être fake pour voir apparaître l’intégralité des sites où elle apparaît. Pensez également à consulter les profils sur les différentes plateformes afin de vérifier s’ils concordent. Et gardez toujours à l’esprit qu’on ne peut jamais réellement savoir qui se cache derrière un écran…
Que faire si l’on pense être en présence d’un catfisher ?
Si vous êtes victime d’un poisson-chat, des solutions radicales s’imposent. Vous devez arrêter de communiquer avec celui que vous soupçonnez être un catfisher, bloquer tous les profils correspondants et signaler la personne auprès du réseau social ou du site de rencontre en ligne concerné. C’est de cette manière que les autorités ont pu stopper la frénésie de Simon Leviev, plus connu sous le nom de « l’arnaqueur de Tinder ». Ce catfisher en série a dérobé plus de 10 millions de dollars en deux ans. Des conséquences financières effarantes qui n’égalent pas les conséquences psychiques subies par ses victimes et dues à cette expérience traumatisante !
Comment enseigner à ses enfants à repérer un poisson-chat ?
Tendance en constante augmentation, le catfishing concerne tous les internautes, y compris les plus jeunes. Dans ce cadre, il est capital d’initier ses enfants aux bases de la sécurité en ligne.
Le grooming, une source d’inquiétude croissante pour les parents
Le grooming consiste en la création de faux profils comportant de fausses informations. Ceci sur l’âge et l’identité pour ainsi entrer en contact avec des mineurs à des fins sexuelles. Ce pédo-piégeage fait de plus en plus de victimes chez les enfants. En effet, ils pensent innocemment converser avec des jeunes de leur âge. On dénombre une augmentation de 82% des délits de sollicitation en ligne contre les enfants ces dernières années. Des chiffres effrayants qui devraient suffire à ce que les réseaux sociaux concernés s’emparent de la question de la sécurité des mineurs sur leurs plateformes !
Encadrer l’utilisation d’Internet de ses enfants
Il existe différentes manières de préserver la sécurité en ligne de ses enfants. Au premier rang desquelles leur apprendre à ne jamais parler à des inconnus en ligne. Ce qui sous-entend de ne jamais accepter les demandes d’amis de personnes qu’ils ne connaissent pas. Mais le problème tient davantage lorsque l’enfant ou l’adolescent est persuadé de parler à un camarade qu’il connaît. Il est donc important de rappeler aux enfants la nécessité de ne jamais divulguer d’informations personnelles en ligne. Quel que soit le degré de confiance que vous entretenez avec vos enfants, il semble indispensable de discuter avec eux avec qui ils échangent. Une bonne manière de les inciter à vous solliciter si les messages qu’ils reçoivent les mettent mal à l’aise ou les inquiètent.
L’essentiel
- Le catfishing est une duperie numérique qui consiste à utiliser des faux profils pour profiter financièrement ou émotionnellement d’une personne.
- Le catfisher évite systématiquement de se montrer virtuellement ou physiquement. Un refus qui doit vous alerter !
- On ne peut jamais être sûr de l’identité de celui qui se cache derrière un profil. Mais on peut faire un certain nombre de vérifications.
- Les plus jeunes peuvent être exposés au grooming. Cette tendance constite à des adultes malintentionnés de se dissimuler derrière un faux profil d’enfant.
- Il faut apprendre aux enfants qu’on ne doit jamais communiquer d’informations personnelles en ligne.
Pour aller plus loin
- Le premier à employer le terme « catfish » est le documentaire produit par Henry Joost et Ariel Schulman en 2010. Il suit le quotidien du photographe Yaniv « Nev » Schulman pour rencontrer la fille dont il est tombé amoureux sur Internet. Et, il s’avérera qu’elle était mariée et mère de famille. Un documentaire à visionner d’urgence pour comprendre le mécanisme de la pêche au chat !